Cassie Ventura témoigne contre Sean “Diddy” Combs : des révélations bouleversantes

Lors du troisième jour du procès fédéral de Sean “Diddy” Combs pour trafic sexuel et racket à New York, la chanteuse Cassie Ventura a livré un témoignage poignant. Elle accuse Combs de l’avoir violée en 2018 et de l’avoir soumise à des années d’abus physiques et psychologiques pendant leur relation de plus de dix ans. Ventura a décrit des incidents spécifiques, notamment une agression en 2016 dans un hôtel où Combs lui aurait lancé un vase et envoyé des messages menaçants par la suite. Elle a également évoqué des “freak-offs”, des rencontres sexuelles extrêmes organisées par Combs, souvent sous la menace de violence et de chantage avec des vidéos compromettantes .

Pour satisfaire les désirs de P. Diddy, la chanteuse Cassie a raconté avoir été contrainte de participer à de longues séances sexuelles organisées avec des hommes rémunérés et sous l’effet de drogues, des expériences qu’elle décrit comme profondément humiliantes et répugnantes. Elle a livré un témoignage bouleversant mardi 13 mai, lors du procès pour trafic sexuel intenté contre la figure emblématique du hip-hop.

« Dès la première année de notre relation, il a évoqué ce qu’il appelait du voyeurisme : il souhaitait me voir avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes », explique Cassie, selon BFM. Ces rencontres, surnommées des “freaks-offs”, pouvaient durer jusqu’à 36, 48 voire 72 heures, selon elle.

Cassie, ancienne compagne du producteur et principale témoin de l’accusation, se retrouve au cœur de ce procès ultra-médiatisé contre l’homme de 55 ans, dont l’image a été fortement écornée depuis la multiplication des accusations de violences sexuelles en 2023.

« C’était écœurant, c’était trop, je me sentais submergée », a-t-elle déclaré à la barre, évoquant ces mises en scène sexuelles orchestrées dans des hôtels, où elle dit avoir ressenti une profonde honte. Les hommes impliqués étaient payés plusieurs milliers de dollars en espèces – ce qu’a confirmé l’un d’entre eux devant les jurés.

Sean Combs, alias P. Diddy, personnalité marquante du hip-hop des 30 dernières années, est accusé d’avoir utilisé sa notoriété et ses ressources pour contraindre des femmes à participer à ces relations sexuelles avec des prostitués, qu’il observait, filmait, et dont il menaçait de diffuser les vidéos si elles parlaient.

Cassie, de son vrai nom Casandra Ventura, avait été l’une des premières à dénoncer publiquement ces faits. Signée par le label de Diddy, Bad Boy Records, elle a partagé sa vie pendant plus de dix ans avec le producteur.

Au deuxième jour de l’audience, malgré une grossesse avancée qui nécessite des pauses fréquentes, elle a livré un récit détaillé de son calvaire. À la demande des procureurs, elle a énuméré les drogues qu’elle consommait (ecstasy, cocaïne, cannabis, kétamine) pour tenter de se « dissocier » mentalement de ces moments.

Elle raconte avoir rencontré P. Diddy à 19 ans, alors qu’il était déjà au sommet de sa carrière. « J’étais simplement amoureuse, je voulais le rendre heureux », explique-t-elle.

Depuis lundi, les jurés ont revu à plusieurs reprises une vidéo diffusée par CNN en 2024, issue de caméras de surveillance d’un hôtel de Los Angeles en 2016. On y voit Sean Combs s’en prendre violemment à Cassie : coups de pied, tirée au sol… Des scènes de violence répétées, selon elle, « trop nombreuses pour être comptées ». Elle a décrit des « lèvres gonflées », des « bleus sur tout le corps » et des violences allant jusqu’à être piétinée au sol.

Un agent de sécurité de l’hôtel, Israel Florez, a confirmé ces faits lundi devant les jurés. Il a également révélé que P. Diddy aurait tenté de le corrompre avec une grosse somme d’argent. Cassie affirme qu’il disposait de nombreuses vidéos compromettantes et qu’il contrôlait presque tous les aspects de sa vie, de sa carrière à ses tenues vestimentaires.

Âgée aujourd’hui de 38 ans, Cassie a essuyé ses larmes à plusieurs reprises durant son témoignage, qui doit se poursuivre mercredi.

La défense, de son côté, cherche à minimiser les faits. Pour l’un des avocats de P. Diddy, Me Teny Geragos, il s’agirait avant tout d’« une histoire toxique entre deux personnes qui s’aimaient ». À l’ouverture du procès, la défense a tenté de présenter l’affaire comme une relation mêlant amour, jalousie, infidélité et argent.

Sean Combs est aujourd’hui incarcéré dans un centre de détention de Brooklyn, réputé pour sa rigueur. Il est poursuivi pour trafic sexuel, transport de personnes à des fins de prostitution, violences, enlèvement, corruption et organisation criminelle.

L’affaire, qui fait grand bruit, ébranle l’industrie musicale américaine. Jusqu’ici, seul R. Kelly avait été lourdement condamné pour des faits similaires, en 2022. Contrairement à Hollywood, le monde du hip-hop semblait jusqu’alors relativement épargné par la vague #MeToo. Cela pourrait bien changer.